C’est le comment faire qui importe

 

Festival Visions du réel, à Nyon (Suisse). Parlant de son film Drancy avenir (1998), au cours de l’atelier qu’il dirigeait au festival de Nyon, Arnaud des Pallières dit que le « comment faire » lui importait beaucoup… que le « sujet » compte beaucoup moins que le travail du cinéaste pour rendre au spectateur l’émotion qu’il ressentit à son approche. C’est ce qu’on put vérifier tout au long de ce festival où, sur les rives du lac Léman, entre Genève et Lausanne, se donnent chaque printemps les Visions du réel que peuvent avoir des cinéastes.
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Le « petit sujet » d’un court-métrage peut donner un grand film. C’est Nos jours, absolument, doivent être illuminés (2012), de Jean-Gabriel Périot, 
sur un concert donné dans la cour de la prison d’Orléans par des détenus. À l’extérieur, des gens écoutent, applaudissent. On ne verra jamais les détenus. Seulement le mur, les haut-parleurs et des gros plans de visages 
à l’extérieur. Une prisonnière chante une de ces chansons réalistes d’avant guerre qui fit rire nos adolescences et rêver nos grandes sœurs, Mon amant de Saint-Jean. Une jeune femme, dehors, face au mur, reprend la chanson, hésitant avec elle, achevant dans un murmure. Les deux voix, sans se confondre, s’épousent. La beauté même, dans le printemps de ce boulevard d’Orléans longé d’un mur d’où monte la résignation d’une rengaine d’amour.
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Emile Breton
L’humanité, 2 mai 2012
www.humanite.fr/culture/c’est-le-comment-faire-qui-importe-495687